Dieu de miséricorde, qui appelles à la miséricorde,

Nous apportons dans notre prière les populations civiles frappées par les conflits armés.

Nous mentionnons dans le secret de nos cœurs toutes celles et tous ceux qui subissent ces

violences répandues en différents endroits de notre monde : au Soudan, au Congo, au Myanmar,

en Ukraine ; ou en autre un lieu, connu ou oublié.

Silence.

Nous te confions les populations civiles qui vivent à Gaza, dont les blessures sont profondes et

dont l’avenir reste incertain.

Nous te le demandons, que ta miséricorde revienne jusque vers nous.

Dieu de paix, qui appelles à la paix.

Nous entendons des discours de haine séduire de larges pans de nos sociétés et cela nous effraie.

Nous remarquons des fièvres suprémacistes s’emparer de groupes et cela nous stupéfie.

Nous voyons des régimes autocrates endurcir des foules et cela nous inquiète.

Nous te le demandons : que ta paix revienne jusque vers nous.

Dieu de lumière, qui éclaires notre route

Nous remarquons toujours plus de musellement de la parole libre et cela nous alarme.

Nous constatons toujours plus d’indifférence à la vérité et cela nous trouble.

Nous remarquons toujours plus d’intimidations contre le droit de protester et cela nous alerte.

Nous te supplions : que ta lumière revienne jusque vers nous.

Dieu de bonté, qui appelles à prendre soin,

Dans la multitude des justes causes, nous avons besoin de discerner l’engagement que tu attends

de nous.

Dans l’embrouillamini des messages, nous cherchons l’information de première source pour

orienter notre soutien.

Avec tous les humains de bonne volonté, nous voulons agir courageusement. Et aujourd’hui,

particulièrement, en faveur des personnes prises en étaux à Gaza.

Nous te le demandons, que ta bonté inspire notre action.

Dieu de justice, qui appelles à la justice,

Nous souhaitons regarder avec courage la réalité la plus difficile à admettre.

Nous souhaitons identifier les injustices les plus lourdes de conséquences.

Nous souhaitons agir là où les besoins sont le plus urgents.

Nous te le demandons, que ta justice inspire notre engagement.

Dieu de pardon, qui appelles au pardon,

Nous nous remettons à toi.

Nous te remettons nos hésitations, nous te confions nos questions.

Nous te prions pour tous ces gens, qui sont nos frères, nos sœurs, nos pères, nos mères, nos

enfants.

Nous te le demandons, que ton pardon vienne jusque vers nous.

Amen

15 octobre 2025

Méditation pour le mois d’octobre 2025

Jésus voyant la foi de ces 4 hommes dit au paralysé : « Tes péchés te sont pardonnés, lève-toi, prend ta natte et rentre chez toi … Il se leva, prit sa natte et rentra chez lui … » (Marc 2, 1-12)

Je suis le paralysé guéri dont vous ne savez rien ! Ni mon nom, ni mon âge quand Jésus m’a guéri et rendu ma liberté, ni pourquoi j’étais paralysé. Vous savez juste que j’ai 4 amis incroyables !

Aujourd’hui cela fait plus de 30 ans que j’ai pu vivre une vie pleine et heureuse ! Grâce à JAHVÉ j’ai été comblé. Mais pour moi, depuis ma guérison JAHVÉ s’appelle Jésus ; il est Dieu et je ne l’ai jamais quitté des yeux. Et j’ai pleuré et crié à Golgotha ! Et J’ai dansé de joie à sa résurrection ! Et depuis ce jour incroyable de ma guérison je me dis : Pourquoi moi ? Mais c’est aussi la question de ceux qui n’ont pas été guéris !

En quelques lignes, je peux dire que jamais Jésus n’aurait pu réaliser ce qu’il a fait sans l’audace et le culot de mes 4 copains ! Sans l’énergie déployée pour me faire arriver devant lui, rien n’aurait été possible. Après mon accident de travail où je suis tombé d’un toit et me suis brisé la colonne vertébrale, tous les gars du chantier se sont occupés de moi et mes 4 amis pour la vie ne m’ont jamais lâché !

Oui mes chers, cette guérison c’est l’histoire d’une rencontre ! Et je crois même que je n’en ai pas été tout à fait le centre. Mais quand j’ai vu Jésus me regarder, j’ai aussi vu briller ses yeux en regardant les 4 porteurs. Il y a eu là une admiration réciproque qui a tout changé. Pour me monter sur le toit et y faire une ouverture pour me descendre dans la chambre où Jésus enseignait, il faillait qu’ils aient une sacré confiance en ce guérisseur dont tout le monde parlait. Et c’est cette foi audacieuse qui a impressionné Jésus ! Et j’ai été le bénéficiaire de cette rencontre.

Cette histoire, mon histoire a fait le tour du monde mais sans que personne ne me connaisse ! Alors je peux vous dire aujourd’hui que seule la rencontre entre nous les humains, est capable de faire des miracles ! Jésus était prêt à la rencontre, j’en suis le témoin. Et je me surprends parfois à penser que si ma guérison a été possible, c’est que moi aussi j’étais prêt !

Et vous ? Prêt pour la rencontre qui peut changer votre vie ? Bon vent !

Samuel

Pierre-André Schütz

16 septembre 2025

Méditation pour le mois de septembre 2025

Philippe et la tempête apaisée

Tous étaient stupéfaits et disaient : « qui est-il pour que même les vents et les flots lui obéissent ? » (Matthieu 8, 27)

Je m’appelle Philippe et je suis de « la bande à Jésus » comme ils disent dans la région. Un jour Jésus nous dit de traverser le lac de Génésareth pour aller plus loin proclamer la Parole et les actions de Dieu. Le ciel était sombre mais on ne pouvait pas imaginer ce qui allait se passer. Si cela avait été le cas je ne serais pas monté dans cette barque.

Au début c’était sympa. On avait quitté la foule, cela faisait du bien un peu de calme. Jésus s’est même endormi. Je m’en rappelle très bien parce qu’il m’a fait penser à Jonas. Vous savez, le prophète qui dort tranquillement et que ses collègues réveillent pour calmer la tempête en le passant par-dessus bord.

Donc, tout de suite, j’ai pensé à Jonas et je me suis dit que c’était pas très bon signe et qu’il allait arriver quelque chose. Une sorte de pressentiment quoi. Après j’ai eu des remords, j’ai imaginé que c’était moi, avec mes idées, qui avais provoqué la tempête ! En même temps rien ne s’est passé comme dans le Livre. Rien. Bon, on a quand même eu très peur, avec la tempête qui faisait rage ! Alors on est allé le réveiller. Attention, pas pour le passer par-dessus bord, non ! On l’a réveillé parce qu’on avait la trouille !

Et là je peux vous dire que l’on a été surpris, mais alors très impressionné ! Il nous a dit : « pourquoi avez-vous peur, gens de peu de foi ? » On s’est fait engueuler quoi. Au début j’ai rien compris. Je me suis demandé de quelle foi il parlait. Parce que là on était pas dans la synagogue hein ! On était dans une barque au beau milieu d’une sacrée tempête. Ça ne rigolait pas, je peux vous le dire.

Et alors on l’a vu se lever et menacer les vents et la mer ! Calme, qu’il disait ; et là, direct … un calme … incroyable ! Il n’y avait pas un bruit. Je me rappelle ce silence, autour de nous et aussi en nous ! Pour moi il y a eu un avant et un après dans ma vie !

Je n’ai plus regardé et écouté notre ami Jésus comme avant. J’ai cru comprendre qu’il était … enfin que c’était du lourd ! Mais c’est qui ce gars ! je vous le dis, ce jour-là on a changé de catégorie, mais c’était difficile d’en parler. Vous savez, au fond les gens, ils ne croient que ce qu’ils voient. Moi, ce jour-là je ne pouvais pas encore le dire avec des mots ; mais ouah ! c’était du lourd, vous pouvez me croire !

Pierre-André Schütz

14 août 2025

Méditation pour le mois d’août 2025

Les vraies rencontres changent la vie. Je crois qu’il est possible de découvrir qui est quelqu’un à partir de ce qu’il fait naître en nous et de ce que l’autre révèle de lui-même durant la rencontre. Alors l’idée m’est venue de chercher qui était mon ami Jésus en regardant les empreintes laissées par ces différentes rencontres.

J’ai relu l’Évangile de Matthieu. J’ai cherché à capter l’instant où, durant et après la rencontre avec Jésus, la personne se retourne et regarde le résultat que cela lui fait au niveau de son être. Ce qu’il vit, ce qu’il pense, et son regard sur Jésus qui résulte de l’entretien ou de la rencontre qui guérit ou interpelle. C’est souvent très bref dans le texte et la plupart du temps la dernière phrase de l’entretien.

Alors j’ai essayé de me glisser dans les personnes qui ont vécu cela ; au lieu de parler de Jésus, guérisseur, héros de l’instant, je prends la liberté de raconter ce que moi j’aurais pensé et vécu en face de lui ! Audacieux mais fascinant, impertinent mais riche pour rencontrer Jésus comme un ami pour l’aujourd’hui de ma vie.

Ce sera l’aventure des méditations de ces prochains mois. Je vous donne déjà le programme : un disciple (Matthieu 8, 27) pour le mois de septembre ; un homme paralysé dont on ne sait rien (Matthieu 9, 7) pour le mois d’octobre ; un des aveugles guéris (Matthieu 9, 27-31) pour le mois de novembre ; un habitant de Nazareth pour le mois de février (Matthieu 13, 54-56) ; un pharisien pour le mois de mars (Matthieu 22, 15-22) ; et je commencerai par Pilate pour ce mois d’août (Matthieu 27, 11-19).

Pilate au prétoire :

Ma chérie, pendant que j’étais au tribunal, tu m’as fait dire par ton ami de ne pas me mêler de l’affaire de ce juste, ce Jésus, car tu as rêvé de lui la nuit passée et tu as souffert de ce rêve. Mais tu sais je n’ai pas eu le choix ! Je sais parfaitement que tu m’as demandé de ne pas m’en mêler ! Tu sais que je prends toujours tes rêves très au sérieux ! Mais ce Jésus, je ne suis pas allé le chercher, c’est Hérode qui me l’a envoyé à la demande des autorités juives. Je l’ai interrogé mais il n’a rien voulu me répondre. Il ne s’est même pas défendu. Que voulais-tu que je fasse ? Et puis arrête un peu ! Ce n’est pas toi qui t’es retrouvée devant cette foule en furie ! J’aurais aimé t’y voir ! Ils ont choisi de libérer Barabbas, c’est leur affaire ! Tu sais c’est plus facile d’avoir des rêves que de faire la politique. Ras le bol !

J’espère que je n’ai pas fait une connerie. Il me paraissait innocent mais c’est la foule qui m’a forcé car j’ai eu peur d’une émeute que Rome m’aurait reprochée. Bon, j’espère que l’on va vite passer à autre chose !

Mes amis, c’est comme les séries télé : rendez-vous au prochain épisode avec Philippe, un disciple de Jésus lors de la tempête apaisée !

Pierre-André Schütz

19 juillet 2025

Les coqs sur nos clochers ?

  • Dis, papa, pourquoi il y a presque toujours des coqs sur les clochers de nos églises ?

  • Mais mon petit, ce sont des girouettes qui indiquent la direction du vent ; tu viens de l’apprendre en musique, rappelle-toi : S’il va de bise on a le beau, s’il va de vent on a de l’eau, kiqueriki, kiqueriko le coq de mon hameau !

  • Oui, mais des girouettes il y en a partout sur les toits, alors que ce ne sont que sur les églises que ce sont des coqs !

Un grand merci à la curiosité saine de nos petits bout d’choux, car effectivement il y a là un symbole chrétien. La plupart du temps, avec un peu de connaissance biblique le papa répond :

  • Eh bien, c’est pour le souvenir du reniement de Pierre où après avoir renié trois fois Jésus, le coq a chanté deux fois selon l’évangile de Marc !

Et c’est là que je dis : non et non ! Le coq n’est pas le symbole reniement de Pierre car celui-ci, Jésus l’a effacé autour d’un feu de camp avec du poisson grillé ! Rappelez-vous, par trois fois, Pierre a dit à Jésus : Je t’aime ! Oui tu connais toutes choses tu sais bien que je t’aime ! Et alors Pierre reçoit le cadeau suprême : Pais mes brebis. Il lui demande de veiller sur le peuple naissant des croyants, son Église qui va proclamer dans le monde entier qu’il est le Sauveur et que nul ne vient au Père que par lui !

Oui mes sœurs et frères en Christ, le coq n’est pas le symbole d’un souvenir cruel, il est là pour nous rappeler le pardon de Dieu ! Il n’est pas notre faiblesse qu’il perpétue, mais il célèbre l’immense amour de Dieu qui dans sa bonté et sa tendresse pardonne à ceux qui le lui demandent avec humilité et repentance !

Le coq me rappelle que Pierre n’est pas seulement le peureux, qui veut sauver sa peau. Il est celui qui le premier a dit de Jésus, inspiré par le Saint-Esprit : Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant ! Et aussi : Seigneur à qui irions-nous ? Tu as les Paroles de la vie éternelle !

Oui mes très chères et chers, le coq nous rappelle que Dieu nous aime infiniment et nous pardonne nos faiblesses ! Il célèbre la joie de croire et de servir ! Rappelez-vous de cela en entrant le dimanche dans vos sanctuaires pour louer ce Dieu qui veut que toutes et tous soient sauvé-e-s et pardonné-e-s !

Pierre-André Schütz

15 juin 2025

Un homme avait deux fils …

La brebis perdue bêle dans la nuit et son appel guide le berger parti à sa recherche. Mais la drachme perdue de la pauvre dame ne fait du bruit qu’en tombant ; après c’est le silence. Sauf dans l’angoisse de la femme qui cherche sa précieuse pièce. Pour le fils rebelle et absent, le père va attendre, mais il ne part pas en expéditions dans les bistrots et les bas quartiers. Quand sa femme veut fermer à clé la porte d’entrée avant la nuit il lui dit : Femme, ne ferme pas, le petit n’est pas rentré !

Oui, là c’est le cœur du fils qui doit déclencher la balise de détresse. Elle va être déclenchée par le creux de l’estomac : Combien de gens chez mon père ont de quoi manger, et moi, ici, je meurs de faim ! (Luc 15, 17)

Cet appel du ventre est moins noble et moins sublime que celui du cœur, mais il n’en est pas moins vital ! Faim d’accueil, de retour à la normale, de se sentir à nouveau aimé, compris, retrouvé ! Aussi longtemps que nous n’avons pas « crevé de faim » la fameuse balise de l’appel de détresse reste souvent coincée dans les bourrelets de l’embonpoint de l’avoir et de la possession et elle reste muette !

L’adage populaire dit : Ventre affamé n’a pas d’oreille ! Le message d’amour de Jésus dit à sa façon : Ventre creux retrouve la mémoire et les échos de l’amour partagé !

  • Avec mon orgueil j’en ai bavé ! ça suffit dit le fils

  • Pour toi j’en ai saigné ! dit Jésus.

  • Nous en avons pleuré, veillé, espéré ta maman et moi ! dit le père.

Et te voilà ! Quel bonheur ! Et le père fera encore le nécessaire pour essayer de faire entrer le fils aîné bougon et furieux qui ne voulait pas participer à la fête !

Ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et le voilà retrouvé ! (Luc 15, 32).

Cette belle histoire est, pour moi, la plus belle parabole de notre ami Jésus !

Un belle histoire, certes, mais c’est plus qu’une histoire à lire, c’est une histoire à vivre !

Pierre-André Schütz

6 juin 2025

En finir avec le déclinisme

Tout le monde a entendu parler du déclin.

C’est un terme utilisé pour décrire quelque chose qui diminue, qui s’efface.

Comme le déclin du jour.

Le mot est aussi devenu un concept, une démarche d’analyse : le déclinisme.

Cette idée connaît un destin particulier aux États-Unis et en France, et se répand ailleurs sous diverses formes.

L’adepte du déclinisme estime que son monde, sa société, sa civilisation, se dégrade inévitablement.

Il décrit le passé avec une rétrospection idéale, et considère le présent avec un préjugé négatif. Il se saisit de marqueurs (les mœurs, les violences urbaines, les systèmes sociaux ou les résultats scolaires) pour indiquer la décadence de l’époque actuelle en comparaison d’une époque passée, imaginaire.

Le déclinisme est comparable au complotisme, au bullshitisme, à l’illimitisme ; il s’ajoute à la liste des récits post-religieux qui fleurissent au XXIe siècle (Johann Chapoutot).

Le déclinisme est une manière réductrice d’expliquer le monde. Il emmène ses adeptes dans le biais de confirmation.

Il permet, après avoir déployé ses « analyses », de mieux vendre un programme politique. Par exemple, le slogan de Trump (MAGA) suppose un déclin de l’Amérique et entend faire passer son plan comme une lutte contre lui.

En terre religieuse, le déclinisme connaît aussi ses adeptes.

Des chrétiennes ou chrétiens décrivent l’Église (ou la société) en déclin sur la base de considérations morales ou quantitatives.

Certaines citations bibliques semblent coller à ce point de vue. Par exemple, l’attribution de l’étiquette « Église de Laodicée » a une confession particulière, est une manière de porter un jugement décliniste contre elle.

Je croise cette tendance dans la pratique de la « politique d’Église ». Elle s’invite dans les séances des conseils de paroisses, dans les commissions, dans les synodes, dans les discussions informelles.

Le mot, certes, est peu cité, mais sa force de persuasion est mobilisée.

« Si nos Églises ont moins de membres, c’est à cause de leur déclin moral, ou de leur déclin spirituel. Nous allons disparaître, regardez les chiffres, voyez la montée de l’islam ! ». Etc.

Ces accents déclinistes ont un assez bon écho parmi les protestants, facilement autocritiques. Et, comme il s’agit d’autocritique, cela laisse penser qu’ils sont dans la vérité. Peut-on accuser quelqu’un d’illusion quand il s’accuse ?

Et pourtant le déclinisme a des effets néfastes.

  • La démobilisation. À force de décrire le déclin et de le déplorer, il se mue en prophétie autoréalisatrice. « Que voulez-vous, on est dans le déclin, pas étonnant que je n’aie rien envie de faire » !

  • La gesticulation. Le déclinisme crée une espèce d’état d’urgence permanent qui pousse les gens à entreprendre tout ce qui leur passe par la tête : « Balayons tout ; créons des nouveautés ; créons le buzz ; il faut se secouer ! »

  • La radicalisation. L’exagération négative encourage les velléités autoritaires, les efforts de redressements moraux : « Finies les compromissions, revenons à des valeurs immuables, finie la dilution, revenons à nos forteresses. »

Le déclinisme ne se révèle pas un bon moteur pour le travail en Église. Il crée de l’aigreur, du stress, des conflits, des burn-out.

Il est étranger à la pensée biblique.

Car si la Bible pose un regard critique sur l’humain, elle se réfère à une temporalité hors de l’histoire. Le Paradis, qu’il soit perdu ou retrouvé, ne se situe pas dans le temps linéaire. Il est dans un temps de qualité différente, un « éternel maintenant ».

Pas de déclin ou de redressement moral selon la Bible, mais un chemin à vivre entre une réalité ambivalente et un état nouveau que Dieu rend possible. Les images des évangiles empruntent d’ailleurs aux cycles de la vie et de la nature.

Il dit encore : « Il en est du royaume de Dieu comme quand un homme jette de la semence en terre ; qu'il dorme ou qu'il veille, nuit et jour, la semence germe et croît sans qu'il sache comment. La terre produit d'elle-même, d'abord l'herbe, puis l'épi, puis le grain tout formé dans l'épi ; et, dès que le fruit est mûr, on y met la faucille, car la moisson est là. » Marc 4, 26-29

Pas une question de volonté ou de force du poignet (mon fardeau est léger), mais de cycles de vie. Cela passe par la perte et la retrouvaille (pièce, brebis ou fils perdus et retrouvés dans Luc ; récits de l’Ascension et Pentecôte), le passage de la mort à la vie (si le grain ne meure).

Conclusion : le déclinisme est une analyse simpliste. Il plombe notre vie spirituelle et pousse à un activisme épuisant.

L’héritage biblique ouvre nos yeux sur les cycles de la vie.

L’héritage biblique invite aux semailles et moissons biologiques ; à l’observation de la nature ; à la culture sans stimulateurs artificiels, sans produits phytosanitaires.

Vivre en confiance notre engagement de semeurs et de semeuses. Accepter ce qui est et ce qui advient.

Dans la confiance en ce Dieu qui a le pouvoir de faire croître.

N’oublie pas :

La terre produit d'elle-même, d'abord l'herbe, puis l'épi, puis le grain tout formé dans l'épi.

Pierre-Philippe Blaser

9 mai 2025

Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ?

Nous voici en ce temps des 40 jours avec Jésus ressuscité avant l’Ascension. Je suis interpellé par la manière dont Jésus renoue avec Pierre après son triple reniement. Tout commence par un repas préparé par Jésus et partagé entre tous les disciples. Puis Jésus s’adresse à Pierre et lui rappelle trois événements.

Jésus appelle Pierre par le nom qu’il portait quand ils se sont rencontrés pour la première fois. C’était au même endroit, au bord du lac de Génésareth. Comme si Jésus voulait dire à Pierre : De même que je t’ai accepté au début de notre périple dans le cercle de mes proches, de même aujourd’hui je veux reprendre la route avec toi (Matthieu 4, 18). Il n’y a aucune faute, aucun reniement, aucune trahison que Jésus refuse de pardonner. Son pardon est inconditionnel.

Mais cela ne signifie pas que le passé ne doive être rappelé. Le deuxième rappel, ce sont ses propos présomptueux avant la crucifixion : Si tous t’abandonnent, moi je ne t’abandonnerai pas ! (Matthieu 26, 33). Et puis, le troisième rappel, plus récent celui-là, c’est son triple reniement (Matthieu 26, 69-75) !

Jésus, par les trois m’aimes-tu ?, met en évidence les trois reniements de Pierre, non pas pour enfoncer davantage son disciple, mais pour lui permettre de régler le passé et de reconstruire sa vie sur de nouvelles bases. Jésus ne lui pose aucune condition ; il pardonne vraiment, car son pardon est fondé sur l’amour. C’est l’offensé qui vient au-devant de l’offenseur. La tendance humaine, c’est d’attendre que l’autre fasse le premier pas. Jésus est à l’opposé de cette tendance humaine. C’est le Christ qui vient au-devant de l’homme qui le rejette.

Comme Jésus a pardonné à Pierre et lui a rendu sa dignité de disciple, nous sommes appelé-e-s à faire de même avec ceux et celles qui nous ont fait du mal. Et quand nous sommes sur ce chemin, Jésus nous dit, comme il l’a dit à Pierre : Pais mes brebis ! (Jean 21, 17). Bonne fête de l’Ascension !

Pierre-André Schütz